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miércoles, 6 de mayo de 2015

Affaire des écoutes : journée décisive pour Nicolas Sarkozy
























Affaire des écoutes : journée décisive pour Nicolas Sarkozy
Les juges pourront-ils exploiter les conversations entre Nicolas Sarkozy, alias Paul Bismuth, et son avocat ? Si la cour d’appel de Paris répond jeudi 7 mai par la négative, le dossier qui pourrait valoir une mise en examen pour corruption à l’ex-chef de l’Etat s’écroulera.

Dans l’hypothèse où la procédure devait, au contraire, être validée, l’enquête, gelée depuis l’automne, reprendrait avec le risque persistant d’un renvoi en correctionnelle pour celui qui apparaît désireux d’obtenir une revanche sur François Hollande en 2017.



Redevenu depuis chef de l’opposition, il est soupçonné d’avoir en 2014 sollicité le haut magistrat Gilbert Azibert par l’intermédiaire de son avocat Thierry Herzog « pour tenter d’influer sur une décision » de la Cour de Cassation le concernant dans l’affaire Bettencourt. En échange, Nicolas Sarkozy aurait promis d’intervenir pour que le magistrat obtienne un poste de prestige à Monaco. Au final, l’ex-président n’a pas obtenu gain de cause, ni Gilbert Azibert le poste convoité.

Lire : Pourquoi Sarkozy a été mis en examen

« Moi, je le fais monter ! »
Cette thèse des enquêteurs est « une insulte à (son) intelligence », s’était indigné Nicolas Sarkozy qui avait vu dans son placement en garde à vue en juillet 2014, mesure inédite pour un ex-président, une « volonté de (l') humilier publiquement ». Le dossier se nourrit essentiellement de ses conversations avec Me Herzog. L’ex-président avait initialement été placé sur écoute dans l’enquête sur les accusations de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de 2007.


Ces échanges entre Nicolas Sarkozy et son avocat « ne suscitent pas d’interrogations quant à leur volonté et leurs attentes », estime une source proche de l’enquête. Leur contenu paraît en effet gênant pour Nicolas Sarkozy.
« Moi, je le fais monter ! », dit-il ainsi le 5 février 2014 à Me Thierry Herzog à propos de Gilbert Azibert. « Je l’aiderai », insiste-t-il, s’exprimant depuis un portable fourni par son avocat et souscrit au nom d’emprunt de Paul Bismuth. Le 11 février, dans une conversation sur leurs portables non officiels, les deux hommes conviennent de se rappeler sur la ligne officielle de Nicolas Sarkozy, qu’ils savent surveillée. L’ex-chef de l’Etat ironise sur « ces messieurs qui nous écoutent ».

Substance du dossier

Le 23 février, alors que l’ex-chef de l’Etat doit se rendre dans la Principauté, Me Herzog lui rappelle, si l’opportunité se présente, « de dire un mot pour Gilbert ». Nicolas Sarkozy acquiesce, dit qu’il fera « la démarche », ce qu’il confirme deux jours plus tard. Le lendemain, il renonce subitement. Nicolas Sarkozy y voit la démonstration qu’il n’a rien à se reprocher. Pour les enquêteurs, ce revirement peut s’expliquer par le fait que les deux hommes viennent d’apprendre que leurs téléphones non officiels sont aussi sur écoute.
Les juges disposent d’autres écoutes, comme celles de Gilbert Azibert qui se voit vertement reprocher par son épouse d’être « allé magouiller avec Sarkozy ». Gilbert Azibert a depuis quitté la magistrature. Une conversation entre Me Herzog et le magistrat est également troublante : le premier y explique au second que « la démarche à Monaco a été faite ». « Oui, bah c’est sympa », répond Gilbert Azibert.

Mais sans les conversations Herzog-Sarkozy, dont le parquet général avait requis la validation lors de l’audience en mars, le dossier se viderait de sa substance. Aussi Nicolas Sarkozy a-t-il dès sa garde à vue contestée « formellement la légalité des interceptions qui ne sont ni plus ni moins qu’un scandale » et donc refusé de répondre aux questions sur elles.



« Si nous triomphons, il n’y aura plus de suite judiciaire », avait d’ailleurs dit après l’audience l’avocat de Gilbert Azibert, Me José Allegrini.
Nicolas Sarkozy a été mis en examen à l’été 2014 pour « corruption active », « trafic d’influence actif » et « recel de violation du secret professionnel », une décision des juges Claire Thépaut et Patricia Simon dont il a mis en doute l’impartialité politique.

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